virli/tutorial/dockerfiles/dockerfile.md

465 lines
15 KiB
Markdown
Raw Blame History

This file contains invisible Unicode characters

This file contains invisible Unicode characters that are indistinguishable to humans but may be processed differently by a computer. If you think that this is intentional, you can safely ignore this warning. Use the Escape button to reveal them.

Ma première image ... par `Dockerfile`
--------------------------------------
Pour construire une image, nous ne sommes pas obligés de passer par une série
de *commits*. Docker dispose d'un mécanisme permettant d'automatiser la
construction de nouvelles images. Nous pouvons arriver au même résultat que ce
que l'on a réussi à faire précédemment en utilisant le `Dockerfile` suivant :
<div lang="en-US">
```dockerfile
FROM ubuntu:jammy
RUN apt-get update
RUN apt-get install -y nano
```
</div>
La syntaxe d'un `Dockerfile` est simple : le premier mot de chaque ligne est
l'intitulé d'une instruction (que l'on écrit généralement en majuscule), elle
est suivie de ses arguments.
Dans notre exemple, nous utilisons `FROM`{.dockerfile} qui indique une image de
départ à utiliser ; `RUN`{.dockerfile} est une commande qui sera exécutée dans
le conteneur intermédiaire, dans le but de construire l'image. De la même
manière que les `docker container run` de la partie précédente.
::::: {.warning}
Vous avez remarqué que la première instruction que l'on utilise est
`FROM`. Chaque image construite par un `Dockerfile` doit dépendre d'une autre
image. Ici nous avons choisi de partir de l'image `ubuntu`.
:::::
Pour lancer la construction de la nouvelle image, créons un nouveau dossier ne
contenant que notre fichier `Dockerfile`, plaçons-nous ensuite dedans, puis
lançons la commande `build` :
<div lang="en-US">
```bash
docker image build --tag=my_editor .
```
</div>
On utilise l'option `--tag` pour donner un nom et un tag à l'image qui
résultera de l'exécution de cette construction.
::::: {.warning}
#### Attention de ne pas oublier le point à la fin de la commande ! {-}
Vous n'êtes plus sans savoir que Docker se compose d'un client et d'un
serveur. Et c'est la partie serveur qui va s'occuper de construire l'image.
Le client transmet donc tout le contexte autour du Dockerfile (les fichiers,
dossiers, sons-dossiers) à partir du chemin qu'on lui indique en dernier
argument. Le point représente donc ici simplement le dossier courant. Tous les
fichiers et dossiers présents ici seront transmis au daemon.
:::::
Une fois la construction de l'image terminée, nous pouvons la lancer et
constater l'existence de notre éditeur favori :
<div lang="en-US">
```bash
docker container run -it my_editor /bin/bash
(in_cntr)# nano
```
</div>
### `RUN` dans le `Dockerfile`
Dans un `Dockerfile`, chaque ligne est exécutée indépendamment des autres et
correspondra à une nouvelle couche de notre image. Exactement comme on a
réalisé le script à la fin de la partie précédente.
Cela signifie que l'exemple suivant **ne fonctionne pas** :
<div lang="en-US">
```dockerfile
COPY db.sql /db.sql
RUN service mysqld start
RUN mysql -u root -p toor virli < /db.sql
```
</div>
Cet exemple ne fonctionne pas car le serveur MySQL est bien lancé dans le
premier `RUN`{.dockerfile}, mais il se trouve brutalement arrêté dès lors que
la commande `service` se termine. En fait, à chaque instruction, Docker réalise
automatiquement l'équivalent un `docker run` suivi d'un `commit`. Et vous
pouvez constater par vous-même que, en créant l'image `tinysql` à partir d'un
simple `apt install mysql` :
<div lang="en-US">
```bash
docker container run tinysql service mysqld start
```
</div>
rend la main directement, sans laisser de `mysqld` dans l'arborescence de
processus.\
Pour avoir le résultat escompté, il faut exécuter les commandes ensemble :
<div lang="en-US">
```dockerfile
COPY db.sql /db.sql
RUN service mysqld start && mysql -u root -p toor virli < /db.sql
```
</div>
Après le `RUN`{.dockerfile}, MySQL sera de nouveau tué, mais la seconde
commande aura entre-temps pu ajouter des données.\
::::: {.warning}
**En aucun cas, une commande exécutée par un `RUN`{.dockerfile} se retrouvera en
cours d'exécution lorsque l'on invoquera un conteneur par `docker container
run`. Seul la commande fournie par l'utilisateur ou la commande par défaut de
l'image sera exécutée au lancement d'un conteneur.**
:::::
### Exposer des ports
Construisons maintenant un conteneur avec un service web :
<div lang="en-US">
```dockerfile
FROM my_editor
RUN apt-get update
RUN apt-get install -y nginx
EXPOSE 80
```
</div>
L'instruction `EXPOSE`{.dockerfile} sera traitée plus tard par le client Docker
(équivalent à l'argument `--expose`). Il s'agit d'une métadonnée qui sera
attachée à l'image (et à toutes ses images filles). Elle ne crée d'ailleurs pas
de couche supplémentaire dans notre image.\
En précisant tous les ports qu'expose une image dans ses métadonnées, ces
ports seront automatiquement exposés en utilisant l'option `-P` du `run` : cela
assigne une redirection de port aléatoire sur la machine hôte vers votre
conteneur :
<div lang="en-US">
```
42sh$ docker image build --tag=my_webserver .
42sh$ docker container run -it -P my_webserver /bin/bash
(cntnr)# service nginx start
```
</div>
Dans un autre terminal, lançons un `docker container ls`, pour consulter la colonne
*PORTS* afin de connaître le port choisi par Docker pour effectuer la redirection.
Rendez-vous ensuite dans votre navigateur sur <http://localhost:49153/>.
### Copier des fichiers dans l'image
Une autre action très courante est de vouloir recopier un fichier ou un binaire
dans notre image : un fichier de configuration, un produit de compilation, des
scripts pour contrôler l'exécution, ...
On va utiliser pour cela l'instruction `COPY` :
<div lang="en-US">
```
COPY myconfig.conf /etc/nginx/conf.d/my.conf
```
</div>
Cette instruction permet également de copier l'arborescence d'un dossier :
<div lang="en-US">
```
COPY myconfs/ etc/nginx/conf.d/
COPY mywebsite /usr/share/nginx/html/
```
</div>
::::: {.warning}
Le comportement de la copie de dossier est différente du comportement que l'on
a l'habitude d'avoir avec `cp -r`. Si la source du `COPY` est un dossier, c'est
son contenu qui sera recopié récursivement, habituellement avec `cp` le dossier
recopié puis son contenu.
Pour obtenir le même comportement, il faut bien indiquer une cible
incluant le nom du dossier :
<div lang="en-US">
```
COPY docker-entrypoint.d /docker-entrypoint.d
```
</div>
Le dossier sera créé s'il n'existe pas, et le contenu du dossier source ser
recopié.
:::::
:::::: {.exercice}
#### À vous de jouer {-}
Utilisez l'instruction `COPY`{.dockerfile} pour afficher votre propre
`index.html` remplaçant celui installé de base par `nginx`. <!--Si vous manquez
d'inspiration, utilisez [cette page de compte à
rebours](https://virli.nemunai.re/countdown.html).-->
:::::
### Les caches
Nous avons vu que chaque instruction de notre `Dockerfile` est exécutée dans un
conteneur, qui génère une image intermédiaire. Cette image intermédiaire sert
ensuite d'image de base pour le conteneur qui sera lancé avec l'instruction
suivante.
Lorsqu'on lance la reconstruction du même `Dockerfile`, les images
intermédiaires sont réutilisées, comme un cache d'instructions. Cela permet de
gagner du temps sur les étapes qui n'ont pas changé. Ainsi, lorsque vous
modifiez une instruction dans votre `Dockerfile`, les instructions précédentes
ne sont pas réexécutées mais sont ressorties du cache.
Le cache se base principalement sur le contenu de chaque instruction du
`Dockerfile` (pour les `COPY` et `ADD`, il va aussi regarder la date de
dernière modification de fichier à copier ou à ajouter). Donc tant qu'une
instruction n'est pas modifiée dans le `Dockerfile`, le cache sera utilisé.
Il est possible de ne pas utiliser le cache et de relancer toutes les étapes du
`Dockerfile` en ajoutant l'option `--no-cache` au moment du `docker image
build`.
Les couches du cache peuvent être partagées entre plusieurs conteneurs, c'est
ainsi que vous pouvez partager facilement une plus grosse partie du système de
fichiers.\
Pour profiter au mieux du cache, on place les instructions qui sont le moins
susceptibles de changer en haut du `Dockerfile`, celles qui changent le plus
régulièrement à la fin. Ainsi, lorsqu'une reconstruction de l'image sera
nécessaire, on gagnera du temps puisque le cache sera utilisé jusqu'à la
première instruction changeante. Un `Dockerfile` bien ordonné peu facilement
faire gagner de nombreuses minutes à ses utilisateurs.
::::: {.question}
#### Quelle place cela prend-t-il sur mon disque ? {-}
Nous pouvons afficher la taille de chaque image via la commande `docker image
ls` :
<div lang="en-US">
```
42sh$ docker image ls
REPOSITORY TAG IMAGE ID CREATED SIZE
nginx latest 2d389e545974 6 days ago 142MB
debian stable 9b4953ae981c 7 days ago 124MB
nemunaire/youp0m latest 2c06880e48aa 12 days ago 25MB
```
</div>
Si vous avez beaucoup d'images, cela peut paraître beaucoup, mais rappelez-vous
que les images sont composées de couches qui sont souvent partagées entre
plusieurs conteneurs.
Si on regarde l'espace vraiment utilisé, il est moindre :
<div lang="en-US">
```
42sh$ docker system df
TYPE TOTAL ACTIVE SIZE RECLAIMABLE
Images 3 3 167MB 0B
Containers 0 0 0B 0B
Local Volumes 0 0 0B 0B
Build Cache 0 0 0B 0B
```
</div>
:::::
Les couches partagées sont un gain non négligeable pour l'espace de stockage !
Par exemple, prenons le `Dockerfile` suivait :
<div lang="en-US">
```Dockerfile
FROM python:3.10
COPY build /usr/lib/python/grapher
EXPOSE 8080
RUN pip install pillow pygal
```
</div>
Il y a de fortes chances pour que vous travailliez sur le code de
l'application, le dossier `build` sera donc très souvent mis à jour, alors que
les dépendances ne bougeront sans doute plus ...
Avec un tel `Dockerfile`, dès que le dossier `build` sera mis à jour les
dépendances seront à nouveau téléchargées, puisque toutes les couches suivant
la première qui change sont invalidées.
Une approche plus optimale serait donc de faire la `COPY` en dernier, car c'est
l'opération qui changera le plus souvent. L'idéal étant que 90 % des
reconstructions ne refassent que la dernière instruction, toutes les autres
devraient être récupérées du cache.
### Métadonnées pures
L'instruction `LABEL`{.dockerfile} permet d'ajouter une métadonnée à une image,
sous forme de clef/valeur.
Une métadonnée courante[^MAINTAINER] est d'indiquer le nom du
mainteneur de l'image :
[^MAINTAINER]: Voir par exemple : <https://github.com/nginxinc/docker-nginx/blob/master/stable/debian/Dockerfile#L8>
<div lang="en-US">
```dockerfile
LABEL maintainer="Pierre-Olivier Mercier <nemunaire@nemunai.re>"
```
</div>
Dans notre `Dockerfile`, indiquez juste après l'image de base, vos noms,
prénoms et mails de contact avec l'instruction `LABEL maintainer`{.dockerfile},
pour indiquer que c'est vous qui maintenez cette image, si des utilisateurs ont
besoin de vous avertir pour le mettre à jour ou s'ils rencontrent des
difficultés par exemple.
On le place dès le début, car comme c'est une information qui n'est pas amenée
à changer, elle sera toujours retrouvée en cache.
### Commande par défaut
Vous pouvez placer dans un `Dockerfile` une instruction `CMD`{.dockerfile} qui
sera exécutée si aucune commande n'est passée lors du `run`, par exemple :
<div lang="en-US">
```dockerfile
CMD nginx -g "daemon off;"
```
</div>
<div lang="en-US">
```bash
42sh$ docker image build --tag=my_nginx .
42sh$ docker container run -d -P my_nginx
```
</div>
L'option `-d` passée au `run` lance le conteneur en tâche de fond. Si vous
constatez via un `docker container ls` que le conteneur s'arrête directement,
retirez cette option pour voir ce qui ne va pas, ou utilisez la commande
`docker container logs`.
Comme les `LABEL`, ce n'est pas une instruction qui change régulièrement. On la
place plutôt au début du `Dockerfile`.
### Construire son application au moment de la construction du conteneur ?
Comment faire lorsque l'on a besoin de compiler une application avant de
l'intégrer dans le conteneur ?
On peut vouloir lancer la compilation sur notre machine, mais cela ne sera pas
très reproductible et cela aura nécessité d'installer le compilateur et les
outils liés au langage que l'on souhaite compiler. Peut-être que plusieurs
versions de ces outils existent, laquelle choisir ? ... Ok c'est trop
compliqué.
D'un autre côté, si l'on fait cela dans un conteneur, celui-ci contiendra dans
ses couches des données inutiles à l'exécution : les sources, les produits
intermédiaires de compilation, le compilateur, n'ont rien à faire dans les
couches de notre image.
Le meilleur des deux mondes se trouve dans les *Multi-stage builds* : au sein
du même `Dockerfile`, on va réaliser les opérations de préparation dans un ou
plusieurs conteneurs, avant d'agréger le contenu compilé au sein du conteneur
final :
<div lang="en-US">
```dockerfile
FROM gcc:4.9
COPY . /usr/src/myapp
WORKDIR /usr/src/myapp
RUN gcc -static -static-libgcc -o hello hello.c
FROM scratch
COPY --from=0 /usr/src/myapp/hello /hello
CMD ["/hello"]
```
</div>
Dans cet exemple, deux images distinctes sont créées : la première à partir de
l'image `gcc`, elle contient tout le nécessaire pour compiler notre
`hello.c`. Mais l'image finale (le dernier `FROM`{.dockerfile} de notre
`Dockerfile`) est l'image vide, dans laquelle nous recopions simplement le
produit de notre compilation.
L'image ainsi générée est minime, car elle ne contient rien d'autre que le
strict nécessaire pour s'exécuter.
#### Étapes nommées
Nous avons utilisé `--from=0` pour désigner la première image de notre
`Dockerfile`. Lorsque l'on réalise des montages plus complexes, on peut vouloir
donner des noms à chaque image, plutôt que de devoir jongler avec les
numéros. Dans ce cas, on indiquera :
<div lang="en-US">
```dockerfile
FROM gcc:4.9 as builder
COPY . /usr/src/myapp
WORKDIR /usr/src/myapp
RUN gcc -static -static-libgcc -o hello hello.c
FROM scratch
COPY --from=builder /usr/src/myapp/hello /hello
CMD ["/hello"]
```
</div>
Par défaut la dernière étape du `Dockerfile` est retenue comme étant l'image que
l'on souhaite `tagger`, mais il est possible de préciser quelle image
spécifiquement on souhaite construire avec l'option `--target` :
<div lang="en-US">
```
42sh$ docker build --target builder -t hello-builder .
```
</div>
Cela peut être particulièrement utile si l'on dispose d'une image de debug,
incluant tous les symboles, et une image de production, plus propre. On
sélectionnera ainsi avec l'option `--target` l'un ou l'autre en fonction de
l'environnement dans lequel on souhaite se déployer.
### Déclarer des volumes
Tout comme nous pouvons déclarer préalablement dans le `Dockerfile` les ports qui
sont normalement exposés par le conteneur, nous pouvons déclarer les
volumes. L'instruction pour cela est `VOLUME`.
Il convient de l'utiliser pour déclarer les emplacements qui vont par défaut
contenir des données à faire persister. Ce serait le cas de `/var/lib/mysql`
pour les conteneurs MariaDB ou MySQL, `/images/` pour notre image `youp0m` ...
### D'autres instructions ?
Nous avons fait le tour des principales instructions et de leurs différents
usages *classiques*. Il existe quelques autres instructions que nous n'avons
pas présentées ici, pour aller plus loin, consultez la référence sur :\
<https://docs.docker.com/engine/reference/builder/>