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Automatiser la configuration de son SI
Comme tout bon paresseux sys. admin qui se respecte, sans plus attendre,
nous allons vouloir automatiser toutes les actions rébarbatives que nous avons
faites jusque là. Comme de très nombreuses personnes sont passées par là avant
nous, il existe un grand nombre de solutions pour gérer les configurations d'un
parc de machines. Parmi les plus connues, citons :
Puppet, Chef,
SaltStack ou encore
Ansible.
Introduction à Ansible
Ansible est une solution de gestion de configuration. Basé sur Python et YAML, sa principale particularité est de ne pas nécessiter de daemon sur les machines qu'il va gérer : tout se fait exclusivement via SSH, à partir de la machine d'un administrateur, possédant Ansible (ou bien d'un système de gestion de configuration tel qu'Ansible Tower, AWX ou Semaphore).
Son installation est très simple, car les dépendances sont minimes et l'outil n'a pas besoin de base de données pour fonctionner : tout va se faire à partir d'une arborescence de fichiers, qui sera gérée par Git.
Commençons par installer Ansible, sur une machine distincte de la machine virtuelle démarrée : la machine hôte sera parfaitement adaptée à cette tâche. Mais vous pouvez aussi choisir de l'installer dans une seconde machine virtuelle.
Consultez la procédure d'installation pour votre distribution ici.
Résultat attendu
À la fin de ce TP, vous devez être en mesure de déployer une nouvelle machine, identique à celle que vous avez configurée, à partir d'une ISO et d'un nouveau disque.
Vous devrez pour cela réaliser des playbooks :
-
basis.yml
, accompagné de toutes ses dépendances : celui-ci doit faire les configurations minimales du système et des utilisateurs (le seul playbook qui se connecte à l'utilisateurroot
directement, retirez le maximum de chose de ce playbook qui pourraient aller dans le suivant). -
securing.yml
, accompagné de toutes ses dépendances : ce playbook doit s'occuper de toute l'installation de la machine pour qu'elle soit aussi sécurisée que possible. -
vitrine.yml
et ses dépendances : celui-ci doit permettre de déployer une page vitrine typique d'une entreprise. Cette page doit être accessible depuis votre domaine https://login-x.adlin2024.example.tld/. -
name-server.yml
et ses dépendances : celui-ci doit mettre en place le serveur DNS faisant autorité sur le domaine qui vous est concédé.
::::: {.warning}
Il est attendu que la vitrine soit générée avec Hugo, sur la machine exécutant Ansible (et non pas sur la machine où elle sera hébergée).
Pour réaliser cela, vous êtes autorisé à faire usage du module
ansible.builtin.command
.
:::::
Ma première commande
Inventaire
Comme il sera bientôt question de maintenir plusieurs machines, la première chose à faire consiste à les inventorier.
Commençons par créer un répertoire, qui contiendra l'ensemble de nos
configurations à destination d'Ansible. Dans ce répertoire, créons un fichier
d'inventaires hosts
, contenant l'IP de notre machine :
::::: {.more}
Vous pouvez lancer une autre machine virtuelle à ce stade et ajouter son IP sur
une nouvelle ligne du fichier hosts
.
:::::
Plus tard, c'est dans ce fichier que vous pourrez créer des groupes de machines (pour, par exemple, regrouper les serveurs web, les bases de données, etc.) ou donner des caractéristiques spécifiques à vos machines.
Plus d'infos sur le fichier d'inventaire par ici.
ping
Lançons maintenant la commande suivante :
Nous demandons avec cette commande, qu'ansible
utilise le fichier d'inventaire hosts
; all
est un filtre qui nous permet d'indiquer les machines auxquelles on souhaite se restreindre (all
, on va lancer le module sur toutes les machines de l'inventaire). L'option --user
précise le nom de l'utilisateur que l'on veut utiliser pour la connexion SSH. Enfin nous avons les options du modules, et cela commence par le nom du module lui-même.
Vous devriez avoir un retour similaire à celui-ci, indiquant simplement que la connexion a bien été effectuée et que le nécessaire pour utiliser Ansible est bien installé sur la machine distance.\
::::: {.question}
Si votre clef SSH n'a pas été récupérée depuis le CRI, vous pouvez rajouter
l'option --ask-pass
, afin de pouvoir indiquer le mot de passe de connexion au
compte, sinon vous obtiendrez une erreur plutôt incompréhensible.
:::::
En ajoutant une seconde machine dans notre inventaire, nous aurions quelque chose comme cela :
Confort
Une des premières choses que nous devrions faire, est de nous créer un utilisateur puis d'installer notre clef SSH sur les machines, pour éviter d'avoir à taper le mot de passe à chaque test.
Pour créer notre utilisateur, nous pouvons utiliser le module user
:
On voit que le retour de notre commande est bien différent (ne serait-ce que la
couleur du texte !). En particulier, on peut constater sur la première ligne de
sortie standard CHANGED
au lieu de SUCCESS
précédemment.
En fait notre utilisateur vient d'être créé, Ansible rapporte qu'il a apporté une modification au système cible. Si l'on renvoie exactement la même commande :
Aucun changement, l'utilisateur est déjà créé et possède ces attributs, Ansible rapporte qu'il n'y a pas eu d'altération.\
Maintenant que notre utilisateur est créé, nous pouvons lui ajouter notre clef SSH. Pour cela, on utilisera le module authorized_key
:
Notez que j'ai maintenant arrêté d'utilisé l'option --user root
, puisque je peux me connecter avec l'utilisateur que j'ai créé. Sans préciser, le nom d'utilisateur de votre compte est utilisé pour établir les connexions.
::::: {.exercice}
Pour continuer, il va nous falloir installer sudo
(en root
), ajouter notre utilisateur au groupe sudo
et éventuellement configurer le fichier sudoers
pour accepter que l'on puisse lancer des commandes sans utiliser de mot de passe.
Vous pourrez faire tout cela avec les modules :
:::::
Utiliser sudo
Après avoir installé et configuré sudo
, voyons comment l'utiliser avec Ansible.
Ansible peut utiliser différents programme pour élever ses privilèges (pas seulement sudo
) ; il va détecter de lui-même quel programme utiliser.
Il faudra cependant lui indiquer que l'on souhaite qu'il élève ses privilège
juste après la connexion en tant que simple utilisateur. On ajoute pour cela
les options --become
et --ask-become-pass
(utilisez --sudo
et
--ask-sudo-pass
pour les vieilles versions) :
L'option --ask-become-pass
vous demandera systématiquement le mot de passe sudoer, avant d'établir la connexion.
Maintenant que l'on sait se connecter proprement, essayons d'en apprendre un peu plus sur les modules.
Les modules
Les modules Ansible ont généralement deux missions distinctes :
- récupérer des informations en allant les extraire sur chaque machine ;
- pousser des nouvelles informations pour atteindre un état précis.
Lorsque les informations récupérées montrent que l'état est déjà atteint, aucune modification n'est faite sur la machine, on parle d'idempotence.
À noter cependant que lorsque l'on retire un état de notre recette, il est
conservé tel quel sur la machine. Par exemple, si un utilisateur toto
est
créé suite à l'application d'une recette décrivant l'utilisateur toto
; si
l'on supprime la description, l'utilisateur ne sera pas supprimé des machines
sur lequel la recette aura été appliquée. Pour qu'il soit supprimé, il faut
modifier la description pour signaler que cet utilisateur ne doit pas
exister. À l'application de cette nouvelle recette, si un tel utilisateur est
trouvé, il sera donc supprimé.
Collecte d'informations
Parmi les modules de base, le module setup
permet de récupérer un grand
nombre de caractéristiques de la machine distance, voyez plutôt :
Les informations récupérées (quel que soit le module), sont ensuite accessibles
dans des variables afin de permettre de compléter des modèles ou pour faire de
l'exécution conditionnelle d'état (par exemple on pourra utiliser la variable
ansible_distribution
pour distinguer les gestionnaires de paquets à utiliser
selon la distribution de la machine).
Ma première recette
Un livre de recettes (playbook dans le vocabulaire d'Ansible), regroupe les descriptions des états que l'on souhaite obtenir sur un groupe de machines données.
Par exemple, voici à quoi pourrait ressembler un tel recueil :
tasks:
-
name: ensure nginx is at the latest version apt: name=nginx state=latest
-
name: write the apache config file template: src=/srv/httpd.j2 dest=/etc/httpd.conf
-
hosts: databases remote_user: root
tasks:
- name: ensure postgresql is at the latest version yum: name=postgresql state=latest
- name: ensure that mysql is started service: name=mysqld state=started
</div>
On filtre d'abord sur les hôtes concernés par la configuration, on donne
ensuite des paramètres qui seront utilisées pour chaque tâche et enfin on
décrit les tâches.
Le guide de référence pour connaître toutes les syntaxes possibles est
disponible dans [la documentation
d'Ansible](https://docs.ansible.com/ansible/latest/playbooks.html).
### Exécution d'un *Playbook*
Placer le contenu dans un fichier YAML, par exemple `playbook.yml`, non loin du
fichier `hosts` créé à la section précédente, puis lancez :
<div lang="en-US">
```bash
ansible-playbook -i hosts playbook.yml
Coup de pouce
Voici à quoi ressemblerait votre premier playbook créant l'utilisateur
adeline
:
tasks:
- name: ensure adeline as an account ansible.builtin.user: name: adeline state: present shell: /bin/fish groups: sudo append: yes
</div>
::::: {.exercice}
À vous maintenant, à l'aide [des collections de modules à votre
disposition](https://docs.ansible.com/ansible/latest/collections/index.html)
de copier vos fichiers de configuration à leur place et avec les bons droits
(`authorized_keys`, `.bashrc`, ...). Installez également les paquets que vous
aviez installés à la main (client DHCP, `htop`, ...).
:::::
Les notifications
-----------------
Au sein d'un *playbook*, il est possible de définir des tâches particulières
(nommées *handlers* dans le vocabulaire Ansible), qui ne seront exécutées que
si un changement a eu lieu. Par exemple, nous pourrions déclarer une tâche de
redémarrage du serveur web, seulement lorsque sa configuration est mise à
jour.
Pour se faire, il faut ajouter un élément `notify` à sa tâche :
<div lang="en-US">
```yaml
- name: template configuration file
template: src=template.j2 dest=/etc/httpd.conf
notify:
- restart cherokee
Puis, au même niveau que les tasks, on déclare nos handlers :
Il est attendu que le nom de la notification corresponde à l'attribut name
d'un handler.
Voir la documentation pour davantage de détails et d'exemples.
::::: {.exercice}
La configuration de votre serveur SSH laisse à désirer. Corriger les problèmes énoncés par ces guides et articles :
- https://linuxhandbook.com/ssh-hardening-tips/ ;
- https://www.ssi.gouv.fr/guide/recommandations-pour-un-usage-securise-dopenssh/ ;
- https://stribika.github.io/2015/01/04/secure-secure-shell.html.
Pour modifier un fichier de configuration, on utilise généralement le module ansible.builtin.lineinfile
.
Puis, mettez en place un handler pour relancer votre serveur SSH en cas de modification de sa configuration.
:::::
Les variables
Les variables peuvent provenir de très nombreux emplacements : définies
spécifiquement pour l'hôte, chargées depuis des fichiers lié au groupe auquel
appartient la machine, liées à la recette ou à la tâche en cours d'exécution,
récupérée par un module (comme le module setup
).
Définition
Dans l'inventaire
Cet inventaire définit une variable ntp_server
qui pourra ensuite être
utilisée par une recette installant un serveur NTP. Le cadre d'utilisation de
ce genre de variable est adapté lorsqu'un hôte ou un groupe d'hôte seulement
partagent des caractéristiques, comme par exemple leur localisation ou
datacenter de rattachement, etc.
Dans un playbook
De la même manière que dans l'inventaire, il est possible de définir des variables dans une recette :
Ces variables peuvent être placées dans un fichier, pour plus de lisibilité :
Le format correspond au sous arbre que l'on pourrait trouver sous vars
:
Utilisation
Modèles
Ces variables peuvent être utilisées pour remplir un emplacement de texte dans un modèle. Ansible utilise Jinja2 comme moteur de template, un format très courant dans le milieu du développement Python.
Ce format est relativement générique. Ainsi, pour accéder aux éléments d'une
table de hash/dictionnaire, on utilise le caractère .
; les crochets [x]
sont utilisés principalement pour accéder aux éléments des tableaux :
ou d'un dictionnaire lorsque la clef doit être récupérée d'une variable :
Notez dans ce dernier exemple l'utilisation d'un filtre join
permettant
d'aplatir la liste retournée.
Dans les recettes
Au sein même de votre description YAML, vous pouvez utiliser la puissance de Jinja2 :
Dans cet exemple, les variables des fichiers /vars/webservers_common.yml
,
puis celles de /vars/webservers_Debian.yml
seront chargées dans le contexte.
Conditions
Une autre utilisation possible des variables est d'appliquer ou de passer des tâches. Par exemple :
Vous trouverez bien d'autres cas d'utilisation dans la documentation.