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Sécuriser les alentours

Avant de commencer votre travail, il est important de mettre en place un minimum de sécurités pour anticiper les menaces potentielles.

Identifier les menaces

Il y a deux grandes catégories de menaces lorsque l'on rend visible une machine sur Internet :

  • les scans automatiques ;
  • les individus/organisations.

Dès qu'une machine est accessible sur Internet, celle-ci est scannée par des robots de nombreuses entités qui récoltent des informations ou même tentent des attaques classiques.

Voici des exemples :

Généralement, notre machine ne sera pas ciblée directement par un individu ou une entité, à moins d'avoir fait l'objet d'un scan rapportant des brèches intéressantes (version de logiciel vulnérable, OS déprécié, port connu ouvert, mots de passe par défaut, ...). Il est donc très important d'apparaître le plus neutre possible sur les scans automatiques, en exposant le strict minimum d'information et de services.

Capture d'écran des informations relevées par Shodan pour nemunai.re

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Le site Shodan.io est une source d'information pertinente, mais il ne faut pas se contenter de ces infections qui ne sont pas exhaustives. D'autres robots peuvent récolter et tester bien plus en profondeur chaque service/port exposé.

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Réduire la surface d'attaque

Pour garantir qu'aucun service n'échappe à notre vigilance, nous allons mettre en place un pare-feu.

Sur un serveur Linux fraîchement installé, aucune règle de filtrage n'est appliquée. (Sur certaines version Desktop de distribution, un pare-feu est configuré pour n'accepter aucune connexion entrante).

Avant de commencer notre filtrage, regardons quels programmes sont en écoute sur notre machine :

ss --listen --numeric --processes --tcp
ss --listen --numeric --processes --udp

La commande ss affiche la liste des programmes qui écoutent (ont bind(2) puis listen(2)). Chaque ligne affichée est une porte d'entrée pour de potentielles vulnérabilités, on s'assure donc que l'on a une confiance absolue envers chaque programme listé.

::::: {.exercice}

Si à ce stade vous avez plus qu'un serveur SSH, trouvez le fichier qui démarre les autres daemons pour faire en sorte qu'ils ne soient pas lancés inutilement

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Atténuer les menaces

Avec ss, nous sommes en mesure de savoir précisément quels ports nous avons besoin d'ouvrir sur notre machine. Cependant, nous faisons face à 2 problèmes :

  • on ne peut pas limiter facilement avec bind(2) les IP auxquelles on voudrait autoriser l'accès du service (par exemple : tout Internet n'a pas besoin d'accèder à notre serveur SSH, on en a seulement besoin pour administrer notre serveur, on arrivera sans doute d'une IP connue d'avance),
  • et si d'autres programmes se mettent à écouter sur des ports pendant le cycle de vie d'un autre programme ?

Pour réduire les risques, nous devons mettre en place des règles de pare-feu.

Le pare-feu est un élément du noyau qui vient s'interposer dans les flux réseau pour individuellement prendre une décision sur chaque paquet ou éventuellement l'altérer. Il va par exemple être sollicité juste avant de transmettre à l'espace utilisateur un paquet qui arrive d'une interface réseau (on parle de paquet entrant).

Nous pourrions donc aisément filtrer le port 22 (utilisé par le serveur SSH) pour limiter à certaines IP le droit d'accéder à ce port.

En fait, on utilise un pare-feu surtout en liste blanche. C'est-à-dire que l'on interdit de base tout paquet entrant, SAUF ceux qui nous intéressent. On est alors assuré que si un programme se met à écouter sur un port en dehors de notre surveillance, il ne sera pas joignable car les paquets qui lui seront destinés seront bloqués par le pare-feu du système.

Mise en place du pare-feu

Le pare-feu du noyau Linux est netfilter. On interagit avec lui avec des appels systèmes, et de nombreux logiciels permettent de gérer plus ou moins facilement les règles.

Il y a 2 implémentations de référence :

  • iptables : utilisé depuis 1998, il est aujourd'hui présent et utilisé par la majorité des administrateurs système.
  • nftables : stable depuis 2021, il tend à remplacer iptables, aux fonctionnalités vieillissantes (séparation IPv4/IPv6, vitesse de traitement, ...).

Quelque soit la distribution, vous pourrez installer le paquet au nom de l'implémentation que vous souhaitez utiliser. Dans la suite, nous allons utiliser nftables, mais libre à vous d'utiliser l'implémentation de votre choix.

Pour afficher la liste des règles actuellement appliquées, on utilise les commandes suivantes :

nft list ruleset

ou avec iptables :

iptables -t $TABLE --list
ip6tables -t $TABLE --list

On remarque qu'avec iptables on ne peut pas avoir accès à toutes les règles, on ne peut les afficher que par TABLE et selon la version IPv4 ou IPv6. La table filter est la table par défaut et celle que l'on uti lisera le plus, mais il y a aussi nat, mangle, ...\

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Faites attention lorsque vous changez les règles de pare-feu à distance, car votre connexion passe par ce pare-feu. Si vous bloquez toutes les connexions entrantes avant d'autoriser votre connexion SSH, vous vous retrouverez à la porte.

Dans le contexte de ce TP, vous avez accès à la console dans votre hyperviseur pour remédier à la situation, mais parfois vous pourriez n'avoir comme solution que le redémarrage (les règles ne sont pas persistantes), voire le déplacement dans le datacenter, si vos règles sont chargées automatiquement au démarrage !

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Avant d'interdire toutes les connexions entrantes, nous allons donc autoriser notre connexion SSH ! On commence par créer une table :

nft add table inet <mytable>

Le paramètre inet indique que l'on souhaite créer une table qui agira sur le trafic IPv4 et IPv6 à la fois (voir les autres types de table supportés).

Au sein de notre table, nous allons maintenant créer une chaîne de règle. C'est ici que l'on va indiquer à quel hook du noyau on souhaite s'accrocher : plutôt les paquets entrant, sortant, traversant, ...

nft add chain inet <mytable> <mychain> '{type filter hook input priority 0; }'

On va donc créer ici une chaîne nommée mychain, agissant en filtrage (filter) sur tous les paquets entrant (input). On crée l'équivalent ici de la chaîne INPUT de la table filter d'iptables et ip6tables mélangés. Cela permet d'indiquer au noyau à quel niveau on souhaite appliquer ces règles.

Ajoutons justement notre première règle pour autoriser les connections SSH :

nft add rule inet <mytable> <mychain> tcp dport 22 accept

Au sein d'un chaîne, sauf rares exceptions, les règles sont évaluées séquentiellement et la première décision qui valide les conditions est retenue. Dans notre exemple ci-dessus, la décision est d'accepter (accept) le paquet : si aucune règle n'existe avant, validant aussi les conditions, cette règle sera la dernière d'un paquet TCP à destination du port 22, il sera ensuite délivré à l'espace utilisateur.

Vous devriez prendre connaissance des conditions possibles sur lesquelles filtrer les paquets et les décisions possibles pour un paquet.

Enfin, changeons la politique par défaut pour les paquets entrant pour lesquels aucune décision n'a été prise, qui est d'accepter tous les paquets, vers la politique drop, qui envoie vers un trou noir les paquets qui n'auront pas été acceptés dans la chaîne.

nft add chain inet <mytable> <mychain> '{ policy drop; }'

Eh voilà ! vous êtes en sécurité.

::::: {.exercice}

Faites en sorte maintenant de limiter les connexions SSH à votre IP ou à la plage d'IP susceptible de se connecter, plutôt que d'accepter toutes les IP.

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