\newpage Mon premier conteneur --------------------- Afin de tester la bonne marche de notre installation, lançons notre premier conteneur avec la commande\ :
```bash docker container run hello-world ```
Cette commande va automatiquement exécuter une série d'actions pour nous, comme indiqué dans le message affiché en retour : D'abord, le daemon va rechercher s'il possède localement l'image *hello-world*. Si ce n'est pas le cas, il va aller récupérer les différentes couches de l'image sur le registre par défaut (celui de Docker). Il assemble ensuite les images en ajoutant une couche en lecture/écriture, propre au conteneur. Enfin, il lance la commande par défaut, telle que définie dans les métadonnées de l'image. Nous pouvons directement utiliser le client pour rechercher une image sur le registre, en utilisant la commande `search` :
```bash docker search mariadb ```
Il est possible de mettre à jour les images locales, ou télécharger les couches d'images qui nous intéressent, en utilisant la commande `pull` :
```bash docker image pull ubuntu ```
#### Attention {-} Les registres publics tels quel le Docker Hub mettent à disposition des images officielles, mais aussi des images créés par la communauté. Chaque utilisateur est libre d'envoyer une image qu'il a lui-même créée : soit car l'éditeur ne proposait pas d'image et que quelqu'un s'est dévoué pour la faire, soit parce qu'il avait des besoins plus spécifiques qui n'étaient pas couvert par l'image originale. Il est important de garder en tête que vous téléchargez des exécutables, et bien qu'ils s'exécutent dans un environnement isolé, ils peuvent contenir du code malveillant. **De la même manière que vous devez être attentif aux binaires que vous exécutez sur votre machine et au contexte de leurs téléchargements, ici assurez-vous d'avoir confiance dans la personne affiliée à l'image.** ### Arguments de la ligne de commande Remarquez comment on interagit avec chaque *objet Docker* : dans la ligne de commande, le premier mot clef est le type d'objet (`container`, `image`, `service`, `network`, `volume`, ...) ; ensuite, vient l'action que l'on souhaite faire dans ce cadre.[^oldcall] [^oldcall]: cela n'a pas toujours été aussi simple, cette syntaxe n'existe que depuis la version 1.13 (janvier 2017). C'est pourquoi, lorsque vous ferez des recherches sur internet, vous trouverez de nombreux articles utilisant l'ancienne syntaxe, sans le type d'objets : `docker images` au lieu de `docker image ls`, `docker run` au lieu de `docker container run`, ... L'ancienne syntaxe est dépréciée, mais il reste actuellement possible de l'utiliser. Par exemple, pour consulter la liste des images dont nous disposons localement (soit parce qu'on les a téléchargées, soit parce que nous les avons créées nous-même), on utilise la commande `ls` sous le type d'objets `image` :
```bash docker image ls ```
### *Image ID*, nom, tag Chaque image est identifiable par son *Image ID* : il s'agit d'un long identifiant unique. Chaque modification qui est apportée à l'image générera un *Image ID* différent. Un peu comme un identifiant de commit dans Git. Pour s'y retrouver, on utilise habituellement les noms des images : `hello-world` est ainsi le nom de l'image `1b26826f602946860c279fce658f31050cff2c596583af237d971f4629b57792`. Lorsque, comme dans le cas d'Ubuntu, il y a plusieurs *versions* disponibles, il est possible de préciser la version au moyen d'un *tag*. En consultant [la documentation](https://hub.docker.com/_/ubuntu) qui accompagne chaque conteneur, nous pouvons constater la présence de plusieurs versions d'Ubuntu : `trusty`, `xenial`, `focal` ou `bionic`. Par convention, lorsque l'on souhaite désigner un tag en particulier, on utilise la syntaxe suivante :
``` ubuntu:focal ```
Par exemple, pour lancer un conteneur Ubuntu Focal, on utilisera :
``` docker container run ubuntu:focal ```
Chaque nom d'image possède au moins un tag associé par défaut : *latest*. C'est le tag qui est automatiquement recherché lorsque l'on ne le précise pas en lançant l'image. ### Exécuter un programme dans un conteneur Maintenant que nous avons à notre disposition l'image d'un conteneur Ubuntu, nous allons pouvoir jouer avec ! La commande `run` de Docker prend comme derniers arguments le programme à lancer dans le conteneur ainsi que ses éventuels arguments. Essayons d'afficher un Hello World :
```bash docker container run ubuntu /bin/echo "Hello World" ```
Dans notre exemple, c'est bien le `/bin/echo` présent dans le conteneur qui est appelé. Ce n'est pas le programme `/bin/echo` de la machine hôte qui a été transféré dans le conteneur. Pour nous en convaincre, nous pouvons tenter d'exécuter un programme qui n'est pas présent sur notre machine, mais bien uniquement dans le conteneur. Si vous n'utilisez pas [Alpine Linux](https://www.alpinelinux.org), vous pourriez tenter d'utiliser son gestionnaire de paquet `apk`, via :
```bash docker container run alpine /sbin/apk stats ```
### Images vs. conteneurs À chaque fois que nous lançons un `run`, un nouveau conteneur est créé. L'image fournie comme argument est utilisée comme un modèle de base pour le conteneur et est recopiée grâce à un mécanisme de *Copy-On-Write*: c'est donc très rapide et ne consomme pas beaucoup d'espace disque. Étant donné que chaque conteneur est créé à partir d'un modèle, cela signifie que lorsque nous exécutons une commande modifiant les fichiers d'un conteneur, cela ne modifie pas l'image de base. La modification reste contenue dans la couche propre au conteneur dans l'UnionFS. Dans le schéma ci-après, on considère les images comme étant la partie figée de Docker à partir desquelles on peut créer des conteneurs. Si l'on souhaite qu'une modification faite dans un conteneur (par exemple l'installation d'un paquet) s'applique à d'autres conteneurs, il va falloir créer une nouvelle image à partir de ce conteneur. ![Images vs. conteneurs](img-vs-cntr.png "Images vs. conteneurs"){ width=85% } ### Programme par défaut Chaque image vient avec un certain nombre de métadonnées, notamment le programme à exécuter par défaut si l'on ne le précise pas dans la ligne de commande. C'est grâce à cela que vous n'avez pas eu besoin de préciser de programme lorsque vous avez lancé l'image `hello-world` :
```bash docker container run hello-world ```
Il est commun que le programme le plus attendu/approprié soit lancé par défaut, il est donc tout naturel que pour l'image `hello-world`, ce soit `/hello` :
```bash docker container run hello-world /hello ```
L'image ne contenant que ce programme, vous ne pourrez pas y lancer de shell :
```bash 42sh$ docker container run hello-world /bin/sh docker: Error response from daemon: OCI runtime create failed: container_linux.go:349: starting container process caused "exec: \"/bin/sh\": stat /bin/sh: no such file or directory": unknown. ```
Pour les images `alpine` et `ubuntu`, le programme par défaut est un shell (`/bin/ash` pour `alpine` et `/bin/bash` pour `ubuntu`), mais il y a une subtilité : il faut ajouter les options `--interactive` et `--tty` pour ne pas que `docker` nous rende la main tout de suite :
```bash 42sh$ docker container run alpine 42sh$ echo $? 0 ```
```bash 42sh$ docker container run --interactive --tty alpine / # _ ```
En fait, comme on a vu que le programme `docker` n'est qu'un client du daemon, c'est toujours le daemon qui exécute directement les commandes et gère les entrées et sorties standards et d'erreur. Avec l'option `--interactive`, on s'assure que l'entrée standard ne sera pas fermée (`close(2)`). Nous demandons également l'allocation d'un TTY, sans quoi `bash` ne se lancera pas en mode interractif[^bashnointer]. [^bashnointer]: Mais il sera possible de l'utiliser sans allouer de TTY, comme dans cet exemple :
``` 42sh$ cat cmd echo foo 42sh$ cat cmd | docker run -i busybox foo ```
L'option `-i` reste néanmoins nécessaire pour que l'entrée standard soit transmise au conteneur. Rassurez-vous, on peut les abbréger en `-i` et `-t` :
```bash 42sh$ docker container run -it alpine / # _ ```
### Les paramètres Vous avez remarqué le placement des options `--tty` et `--interactive` ? Avant le nom de l'image, elles sont utilisées par Docker pour modifier le comportement du `run`. En fait, tout comme `git(1)` et ses sous-commandes, chaque niveau de commande peut prendre des paramètres :
```bash docker DOCKER_PARAMS container run RUN_OPTS image IMAGE_CMD IMAGE_ARGS ... ```
Par exemple :
```bash docker -H unix:///var/run/docker.sock container run -it alpine /bin/ash -c "echo foo" ```
Ici, l'option `-H` sera traitée par le client Docker (pour définir l'emplacement du point de communication avec le daemon), tandis que les options `-it` seront utilisées lors du traitement du `run`. Quant au `-c`, il sera simplement transmis au conteneur comme argument au premier `execve(2)` du conteneur. ### Lister les conteneurs Avant de quitter notre conteneur, regardons, à l'aide d'un autre terminal, l'état de notre conteneur. La commande suivante permet d'obtenir la liste des conteneurs en cours d'exécution :
``` 42sh$ docker container ls CONTAINER ID IMAGE COMMAND CREATED STATUS PORTS NAMES 4c39fc049cd1 ubuntu "/bin/bash" 6 minutes ago Up 5 minutes suspicious_galileo ```
### Sortir d'un conteneur Pour mettre fin à l'exécution d'un conteneur, il convient de terminer le premier processus lancé dans celui-ci. Si vous faites face à une invite de commande, le classique `exit` ou `^D` mettra fin au *shell*, qui était le premier processus lancé de notre conteneur, comme le montre la colonne `COMMAND`. Nous retrouvons juste après notre invite habituelle, dans l'état où nous l'avions laissée avant de lancer notre conteneur. En effet, le conteneur était alors le processus fils lancé par notre shell.